PRINCESSE DE PIERRE

Résidence du 15 au 20 janvier 2024

Jeune public
Compagnie Verba Pictures

Texte : Paulien Peyrade
Mise en scène : Mohand Azzoug
Avec : Lucile Oza
Création sonore : Julien Storini
Collaboratrice : Valentina Fago

Le spectacle : Princesse de Pierre » c’est l’histoire d’Eloïse, jeune fille en proie à l’hostilité ses camarades de classe. Alors que tout a commencé comme un jeu Eloïse est maintenant « Eloïse la sans amis » : exclue, pariât, mise au ban de sa classe. « Princesse de pierre dresse le portrait d’une fille qui tente, toute seule, de faire face et de résister au harcèlement qu’elle subit. Elle se débat en silence dans un monologue intérieur puissant, contre ces agressions, à la fois contre les autres et contre elle-même. Inspirée du conte de Cendrillon, Eloïse a la boule au ventre à entendre le retentissement de la sonnerie scolaire : « La cloche va sonner, bientôt » qui sonnera aussi la reprise du déferlement de violence et d’agressions dont elle est victime. Et avec, la peur, qui contrairement aux agressions, ne fonctionne pas par intermittence, mais est présente en permanence : Moi, la peur, je suis déjà dedans.

Note de l’autrice : Une jeune fille est assise au fond de la classe, près de la fenêtre. Elle parle toute seule, dirait-on. Elle pense à haute voix. Elle compte les minutes avant la fin du cours, la grosse aiguille se rap- proche de la petite, moins une minute, moins une minute. Elle n’est pas pressée de sortir. Dehors, c’est l’isolement, les moqueries, les bousculades. Elle s’appelle Eloïse mais au collège on l’appelle La Sans-Amis. C’est écrit sur le mur des toilettes et au t-pex en haut de l’escalier. Eloïse connaît par cœur chaque recoin de l’établissement, où on peut se cacher, où il faut éviter de se trouver si on ne veut pas attirer l’attention. Elle sait quand il faut sortir de la salle pour ne croiser personne, quel couloir emprunter, à quelle vitesse, les yeux toujours baissés. Ce qu’elle ne sait pas, c’est pourquoi c’est tombé sur elle. Pourquoi, un jour, sa meilleure copine a dit, Eloïse, elle pue, et pourquoi tout le monde l’a imitée. 
Pourquoi plus personne ne lui parle. Pourquoi ça ne s’arrête pas. Alors elle s’adresse aux autres, dans sa tête. À toi. Et toi. Et toi. Tu le sais, toi ? Tu y comprends quelque chose ? Elle les regarde bien dans les yeux, un par un, une par une, pour trouver une réponse. Ça aurait pu tomber sur toi. Ou sur toi. Ou sur toi. Pourquoi vous continuez si ça ne vous fait pas rire ? Pourquoi vous ne dîtes rien ? 
Comme beaucoup d’autres à son âge, Eloïse est victime du tristement connu « harcèlement scolaire », phénomène mystérieux et ancestral qu’on a parfois du mal à comprendre. Où commence-t-il ? Comment s’arrête-t-il ? Quel plaisir en tire-t-on ? En a-t-on besoin ? Qu’a-t-on peur de perdre si ça prend fin ? Celle qui se tait, celle qui rase les murs du matin au soir, prend la parole.

La compagnie :  Implantée dans le 93, Verba Pictures est une compagnie qui voit le jour en 2017 sous l’impulsion du comédien et metteur en scène Mohand Azzoug. Lui-même issu de la Courneuve, son désir de création est poussé par l’envie de provoquer une rencontre avec les habitant·es de ce territoire, dans lequel il a grandi. Comment raconter l’humain ? Comment le raconter dans notre monde actuel ? Verba Pictures pro- pose d’interroger et réinterroger sans cesse les mécanismes sociétaux dans lesquels l’Homme vit. La compagnie travaille avec des auteurs et autrices de théâtre contemporain·es. Les textes choisis interrogent notre présent et tentent d’en décrypter les enjeux, parfois structurels. On part à la rencontre de ces langues aux résonances (ou dissonances) poétiques, en s’intéressant aux caractéristiques du langage dans sa forme, dans sa puissance sonore, dans sa vibration pro- fonde. On entre au théâtre par le monde en mettant au cœur de notre travail le genre humain, dans sa complexité et ses contradictions. On est également sensible à la multiplicité de mémoires et des récits individuelles qui agissent et s’inscrivent dans la mémoire collective. L’inscription de ces récits à la première personne dans l’histoire collective qui nous interroge ou, au contraire, la non inscription de ces « Je » dans nos récits nationaux. 

Production : Compagnie Verba Pictures
Partenaires : Cité éducative, ville de La Courneuve, ville de Levallois-Perret.